[Acte III] A la recherche de la comtesse

Morieti venait d’arriver avec ces hommes. Un jeune garçon grossièrement vêtu vint les « accueillir », il prit leurs chevaux pour les mettre aux écuries, enfin, si l’on pouvait appeler ça des écuries. Morieti sentait qu’il approchait du but ! Il exigea du garçon qu’il le conduise à l’intérieur, mais il refusa, répétant sans cesse : « non m’sieur, faut que j’y d’mande ça à monsieur le comte, on fait pas comme chez soi ici » qu’il disait le merdeux ! Morieti n’y croyait pas !

- Tu sais qui j’suis petit ?! dit-il.

- Non, et j’en ai pas grand-chose à foutre, ce que je sais, c’est que M. l’comte il attend personne. Ou plutôt si, vous devez être les messieurs envoyés par le régent, parait que vous nous tournez autour depuis un bon bout d’temps !

Avant que Morieti eut pu l’attraper pour lui flanquer une correction, le gamin fila prévenir son maître, Morieti était planté là, comme un… un con.

Le comte de Jaurigoncourt était assis au petit salon lorsque Morieti entra comme une furie. Il buvait du thé, tradition séculaire chez les Maisnois.

- Monsieur, qui vous a permis d’entrer ici ?! dit le vieux comte surpris.

- Votre aimable majordome M. le comte. Je me permets de me présenter, capitaine Morieti, au service de Sa Majesté le régent de Maisne. Je viens car vous…

Le comte le coupa :

- On ne dit pas Sa Majesté le régent M. Morieti, mais Son Altesse royale le régent voyez-vous, le régent n’est pas encore roi. Alors dites-moi donc le pourquoi de votre irruption chez moi, monsieur, et de grâce soyez rapide, je suis fatigué !

- Nous avons été informé, M. le comte, que vous hébergiez une fuyarde : Mlle la comtesse de Buda était bien ici voilà quelques temps, n’est-ce pas ?!

- La comtesse de Buda ?! vous voulez dire Mlle de Nuelles, ma petite nièce ? Oui en effet, elle était ici, mais elle ne l’est plus, alors que lui voulez-vous ? Et pourquoi serait-elle une fuyarde ?!

- Elle s’est échappée de chez elle, alors que le régent l’avait assignée à résidence.

- Ah ! je ne crois pas non, c’est plutôt elle qui avait déserté la Cour du régent… elle n’était pas plus assignée à résidence que vous n’êtes autoriser à demeurer chez moi !

- Je n’ai cure de votre autorisation vieil homme, à présent dites-moi où elle est partie ! j’ai bien assez perdu de temps comme ça !

- Elle va bien où elle veut, elle est libre, je ne la retiens point chez moi ! sortez à présent, vous m’indisposez et je n’ai plus rien à vous dire !

Morieti eut un regard méchant sur le comte, il s’approcha plus près encore de lui, sortit un poignard, et questionna de nouveau le comte :

- On ne joue pas, comte, alors dites-moi où elle est, sinon, je vous embroche et vous donne à manger à mes chiens, je brule votre piteux manoir et fais confisquer tous vos biens pour êtres sûr que votre fils le colonel de Jaurigoncourt, crève de faim pour le restant de ses jours !

- Vous n’avez pas de cœur Moriéti !!! Le comte eut un regard désespéré, mais, sentant tout de même que sa petite nièce devait déjà être en sécurité, et ne voulant pas que Moriéti reste plus longtemps, il cracha le morceau : elle est dans le pavillon de chasse de ma famille, à Héricourt, non loin de la frontière avec l’Aldarnor.

- Je te laisse donc la vie, mais si c’est un mensonge, soit sûr que je te retrouverai !

Moriéti avait déjà interrogé le majordome, leur version collait, elle devait être là-bas, avec un peu de chance, elle n’aurait pas encore passé la frontière…