Convocation du ministre de la Maison du roi

Le ministre était venu, puisque telle était la volonté du roi. Il avait plus ou moins organisé un voyage, notamment avec cette histoire d’aérostat. A priori, le roi devait arriver dans la capitale belondaure par les airs, mais sur une distance assez raisonnable, car les ingénieurs royaux refusaient de faire voler sur une trop grande distance le royal passager. Le ministre ne leur avait pas caché que si jamais il arrivait malheur au roi lorsqu’il serait dans la machine, qui plus est sur le sol belondaure, les conséquences seraient assez désastreuses bien entendu… du coup, ils furent extrêmement prudents dans leurs projets.

Il n’y avait plus qu’à prévenir les autorités belondaures et fixer une date. Un valet le fit entrer assez rapidement.

“ Sire, vous m’avez fait demander ? ” dit-il prudemment.

Le roi salua M. d’Arbousols, et commença aussitôt, l’air assez agacé.
 
— Ah ! vous voici enfin monsieur ! J’ai ouï dire que vous vous étiez fait mon porte-parole à la Chambre des nonces, je vous en remercie !
 
Ce n’était pas le cœur du sujet, ce pourquoi le roi avait fait venir son ministre, il passa donc rapidement à l’essentiel :
 
— Où en est ce voyage en Belondor ?! Tout est-il fin prêt ? Je compte informer le victorin d’ici peu, avant qu’il ne l’apprenne de quelque d’autre. La reine nous accompagnera, cela lui donnera l’occasion de rencontrer l’impératrice douairière de Belondor, une dame charme, il semble qu’elle soit la personne au monde qui connaisse le mieux l’empereur de Belondor, son fils, ce qui est très intéressant, le personnage étant difficile à saisir…
 
A présent, il temps, faites prévenir l’empereur de notre prochaine arrivée en Belondor avec Madame Troisième. Ah oui !!! J’ai décidé, comme l’usage le veut, de donner à ma sœur un apanage. J’avais pensé à Minastan, l’antique cité a de l’allure, et elle rappelle assez Charlotte de Bodémon, la fameuse duchesse de Minastan, une grande dame de son temps. Peut-être aviez-vous une autre idée ?

En entendant le Roi, le Marquis d’Abousols fut assez surpris. Minastan ? ces terres produisaient un revenu annuel plutôt conséquent. Voici plusieurs siècles que les Rois n’avaient jamais osé attribuer cet apanage à un infant d’Aldarnor, car il était synonyme de la féodalité, et de la contestation du pouvoir royal. Sa Majesté espérait certainement, en donnant cet apanage à un de ses sœurs, briser cette image.

Quoiqu’il pouvait en être, il ne serait pas de bon ton de laisser des revenus aldarnorins trop importants à Madame Troisième : la liste civile de l’Empereur de Belondor devrait suffire. Paul ne savait pas trop comment montrer au Roi son scepticisme sur cette question… Il commença donc en parlant comme un ministre, et non comme un courtisan.

“ Sire, il me semble que Minastan est un fort beau cadeau de mariage pour votre sœur l’infante Pauline. Cependant, il ne faut point oublier que l’Empereur de Belondor portera le titre de Duc consort de Minastan dans ce cas. Comptez-vous, sire, rendre le titre de votre sœur transmissible à ses héritiers ? car dans ce cas, ce serait lier le titre de Duc de Minastan à la Couronne belondaure, ce serait fort mal perçu par les Aldarnorins. Je suggère donc que nous limitions les revenus de cet apanage à un millions d’altins. De plus, gardons la vieille tradition selon laquelle « les femmes peuvent recevoir, mais non transmettre ». Ainsi, à la mort de votre sœur, le titre fera retour à la Couronne. ”

— Hum… A dire vrai, je n’avais pas l’intention de permettre à ma sœur de pouvoir transmettre ledit titre à ses descendants, ce qui reviendrait à former une union personnelle entre Minastan et le Belondor : hors de question. Quand aux revenus confortables que génèrent Minastan, je pense que vous avez raison. Inutile de laisser à ma sœur des revenus privés trop confortables, elle amasserait une grande fortune qui tomberait dans son héritage de mère, et irait donc à ses enfants.

Je ne souhaite pas que les Témararien s’enrichissent par le truchement de revenus aldarnorins alors que je continue à financer les Bordebon, ce serait un comble tout de même ! Je diviserai donc les revenus de Minastan par deux et je prendrai les dispositions nécessaires pour des éventuels montages testamentaires destinés à enrichir à titre privé la future impératrice de Belondor et son impérial époux.

En parlant des Bordebon, il me faut régler ce problème, car à présent, ils deviennent un réel problème, pour ne pas dire un handicap. Je ne peux financer la vie mondaine de ces princes, ils ont parfois des allures de parasites, il faut absolument leur trouver un peuple sur lequel ils puissent régner. Cette ambigüité à l’égard des Témararien est gênante aujourd’hui, ne trouvez-vous pas ?