Arrivée du MAE édoranais

Fronsac venait tout juste débarquer, le baroufle de la machine infernale avait mis toute la porte Saint-Antoine sur le pied guerre. Le chapeau à la main, la perruque en vrac, le maître de la porte avait un faux air d’imbécile. Légèrement décontenancé, on aurait dit qu’il sortait du bordel, Fronsac, lui qui était un homme si respectable et respecté.

Les Aldarnorins se ventaient d’avoir les meilleurs aérostats au monde... mais ils n’avaient pas encore inventé le moteur à explosion ! sacrés Édoranais !

Voyant que la délégation avait tout l’apparat officiel, Fronsac, qui avait été plus ou moins prévenu de l’arrivée de la délégation édoranaise, donna ses ordres aux quelques gardes présents.

“ Allons ! présentez armes ! tenez vous droits, il ne s’agit là que de l’ambassadeur de l’empereur d’Édoran ! ”

Un garde persiffla :

“ Ouai, ben c’est pas ce que vous disiez y a 5 min en sortant de votre bureau avec votre air d’ahuri !

— Silence ! un peu de tenue ! ils arrivent !

— Mais M. Fronsac, votre perruque est quelque peu de travers... ça fait désordre. ”

Fronsac pâlit :

“ Ah oui ! merde ! vivement que cette mode des perruques passe ! ”

La délégation édoranaise arriva devant la petite équipée de Fronsac, qui s’empressa de présenter les armes.

“ Soyez le bienvenu en Aldarnor, Excellence, je vous présente les hommages de Sa Majesté apostolique. C’est un fort curieux engin que vous avez là, fort impressionnant à dire vrai même... cachez le bien, avant que les scientifiques aldarnorins ne l’oscultent en détail ! Jean marqua un sourire. Le capitaine de la Garde avaroise, M. de Presles, ne devrait plus tarder, il vous escortera jusqu’à Rouvray. ”

Le Ministre de la Maison du Roi arriva à son tour, il avait reçu ordre d’aller accueillir M. Störtebeker. Habituellement, c’était le Roi que les ambassadeurs voyaient en premier, mais Sa Majesté avait estimé convenable que l’ambassadeur puisse d’abord rencontrer Bourgondes, le Ministre de la Couronne, qui était l’artisan de cette visite officielle. C’était un moyen pour le Roi de manifester sa confiance à l’encontre de son cousin, confiance dont beaucoup doutaient d’ailleurs.

Le Ministre, à la différence des autres officiels, toujours très informé, avait parfaitement eu le temps de s’habiller, paré de son habit de Cour, bleu azur brodé d’argent, affublé d’un splendide chapeau, il regrettait de ne pas pouvoir porter le ruban de l’ordre de la Jarretière, ou même d’une autre décoration : il était l’un des rares Ministres à ne pas être décoré. S’avançant vers la délégation, il salua M. de Presles et Fronsac.

“ Excellence, encore une fois, soyez le bienvenu en les États de Sa Majesté apostolique ! Je suis le Marquis d’Arbousols, Ministre de la Maison du Roi. Sa Majesté m’a choisi pour vous accompagner, avec M. de Presles, jusqu’à Rouvray, où vous serez accueilli par le Ministre de la Couronne. Je vous en prie. ”

Le Marquis désigna une calèche aux armoiries d’Aldarnor, l’invitant à monter. Il faisait beau en ce jour de Tuilië, l’atmosphère était agréable, et le vacarme que l’arrivée de la délégation édoranaise avait produit avait attiré les curieux, qui s’agglutinaient sur le chemin jusqu’à la capitale (le Ministre avait distribué quelques pièces, afin que le bon peuple sorte faire coucou...). Ils ne mettraient pas longtemps à arriver à Rouvray, le Ministre engagea la conversation :

“ Sa Majesté me demandait, pas plus tard qu’hier soir, si vous aimiez l’opéra ? ”